Enceinte sans le savoir | Partie 3 - Après la pluie

Pour lire la première partie, c’est juste ici et pour la deuxième, ici !
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Je suis sur une civière. On m’amène en urgence à l’étage des naissances. Vite, trop vite. Il faut dire qu’il y a 15 minutes, je croyais avoir une crise d’appendicite.
Il y a 15 minutes, ma vie était complètement différente.
Dilatée à 9.5 maintenant, l’équipe médicale essaie tant bien que mal de m’empêcher de pousser. Pas de médecin en vue, on ne sait pas s’il aura le temps d’arriver.
Je perds connaissance. Mon esprit fuit mon corps en douleur et cette situation qui ne fait aucun sens.
Les contractions me ramènent sur terre. Je lâche prise, je laisse le travail se faire. Je n’ai pas conscience de grand-chose, mise à part la souffrance. Il est 7h30. Il fait froid dehors. Un médecin vient d’entrer dans la chambre en catastrophe. Il semble avoir attrapé quelque chose au vol. Des infirmières me rassurent, me disent que c’est terminé, que c’est extraordinaire.
Ma fille est venue au monde comme si elle savait que je n’étais pas encore prête à l’accueillir, flottant dans son sac amniotique.
Je n’avais pas perdu mes eaux, ça ne l’a pas empêché de faire son entrée dans ma vie. Tout comme l’interruption de grossesse que j’avais choisi d’avoir 7 mois plus tôt.
J’aimerais pouvoir te dire que l’amour m’a submergé au premier regard. Je ne peux malheureusement pas. La naissance de ma fille tient plus du traumatisme que du conte de fées.
Tout s’est écroulé. Mon rêve de devenir guide chevronnée, de voyager jusqu’à l’autre bout de la planète, de vivre une saison à la fois, un moment à la fois. Pourquoi moi ?
En ce matin de janvier, je sombrais dans une dépression qui dura près d’un an.
Et pourtant, j’ai reçu un support extraordinaire ! Les infirmières, mes anges gardiennes, m’ont enveloppé de douceur. J’ai été materné comme jamais. Sans une once de pression, en respectant mon rythme et ma bulle, elles m’ont présenté les choix qui s’offraient à moi. Elles m’ont suggéré d’essayer l’allaitement, pour établir un lien avec bébé.
Bienveillantes, mais réalistes, elles m’ont expliqué que ce ne serait pas facile, que je questionnerais mes décisions, peu importe lesquels, tous les jours à partir de là.
Dans un tourbillon d’environs 48 heures, je réussis à rejoindre une amie pour qu’elle vienne m’épauler pendant la valse des tests de santé de bébé, des visites de la DPJ et des montagnes-russes d’émotions.
Quand finalement mes parents ont pu être contactés, j’ai dû refaire le chemin avec eux, pas à pas, jusqu’au début de cette incroyable histoire. Depuis ce moment et jusqu’à ce jour, ils sont là pour m’aider dès que j’en ai besoin.
Malgré tout cet appui, tous les dons de mon entourage qui se sont assurés que bébé et moi nous ne manquions de rien… je n’avais plus envie de vivre. Je devais m’occuper d’un poupon, d’une petite boule d’amour, alors que j’étais inapte à prendre soin de moi-même.
Plus d’une fois, j’ai pensé à me suicider. J’avais le sentiment de m’être fait voler ma passion, ma carrière, mon futur et bien plus, en l’espace de 2 petites heures. J’ai passé des mois à chercher une parcelle de lumière au travers de cette noirceur persistante. Tous les jours, on me demandait comment bébé allait, si elle se développait bien, si je pouvais envoyer des photos… mais bien peu ont su l’étendue de ma détresse à ce moment-là.
Mais ne t’inquiète pas, aujourd’hui 6 ans plus tard, je ne reviendrais pas en arrière. Ma fille, c’est ma plus grande merveille !
J’ai réussi à guérir de ma dépression grâce à une équipe de psychologues fantastiques. J’ai appris à voir le bon dans mon enfant, au lieu de rêves brisés. L’allaitement est tranquillement passé de « responsabilité » à « moment précieux ». Je me suis trouvé de nouveaux défis et j’ai compris que je pouvais remettre à plus tard mes buts d’avant.
Et même si chaque année, aux premiers flocons, mon esprit vagabonde… je suis bien maintenant, avec la plus belle enfant du monde. Nous formons un duo d’enfer !
Aujourd’hui, je suis finalement heureuse que cette histoire me soi arrivée ♡
Si tu penses au suicide, si tu es endeuillée par suicide ou si tu t’inquiètes pour un proche, des intervenants sont disponibles pour t’aider, partout au Québec, 24/7 :
Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553)
Texto : 1 855 957 5353
Clavardage, informations et outils : www.suicide.ca
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