Enceinte sans le savoir | Partie 2 - Dans l'oeil du cyclone

Pour lire la première partie, c’est juste ici !
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On court autour de moi, on me présente des gens qui ne sont que des visages affables dans mon cerveau en panique. Infirmières, gynécologue, médecin…
Oh !...Non ! Pas de médecin ! Comme il n’y avait pas d’accouchement de prévu le soir précédent, aucun médecin n’est de garde. On tente de le rejoindre, mais…
De toute façon, je n’entends rien. En état de choc, avec l’adrénaline dans le tapis, j’énumère dans ma tête toutes les raisons qui font que c’est impossible. Que je ne vis pas ce que je suis en train de vivre.
Je ne veux pas d’enfant. Je ne suis pas une personne particulièrement « maternelle ». J’aspire à une carrière et un futur fait d’aventures, de liberté, de neige, des chiens et de longs étés près de plans d’eau. Je ne suis qu’au début de ma vie adulte, de ma vingtaine. Je n’ai pas encore rencontré quelqu’un qui m’a donné envie de fonder une famille. Et mon intuition me dit que cette personne n’existe peut-être même pas !
Mais surtout, SURTOUT, j’ai fait le choix éclairé il y a 7 mois de mettre un terme à une grossesse accidentelle. Comment est-ce que je n’avais pas réalisé qu’un petit être avait décidé de s’attacher à moi, contre vents et marées ?
Plus tard, j’aurai le temps de penser. Je parlerai avec des spécialistes qui m’expliqueront ce qu’est un déni de grossesse et les morceaux du casse-tête se mettront peu à peu en place...
Oui, j’ai eu des symptômes. Beaucoup au premier trimestre, avant mon avortement. Douleurs aux seins, maux de cœur, de tête, grande fatigue. Mais tout s’est arrêté après l’intervention. Et comme mon cerveau était persuadé que c’était terminé, il a envoyé à mon corps le signal de cesser de le « déranger » avec ça…
Non, je n’ai pas passé de tests sanguins par la suite. Je suis partie travailler dans une zone très reculée immédiatement après et je n’avais pas un accès facile à ces services. J’ai cependant refait un test de grossesse 1 mois et demi plus tard, pour m’assurer que la procédure avait fonctionné. Il était négatif et j’ai fermé ce chapitre de ma vie, le croyais-je, pour de bon.
Non, je n’ai pas pris de poids… en fait, j’en ai même perdu beaucoup. Cette grande période de remise en question m’avait fait réaliser que je ne prenais pas assez soin de ma santé… ce qui est un non-sens considérant le domaine dans lequel j’évoluais. Au moment des évènements, je n’avais jamais été aussi mince.
Non, je n’ai pas senti bébé bouger. Du moins, je ne l’ai pas perçu ainsi. Les médecins m’ont dit par la suite que mes « reflux gastriques » des derniers mois, dans un contexte de déni de grossesse, pouvaient effectivement être les mouvements du bébé, mal interprétés.
Oui, j’étais totalement épuisée pendant les 3 semaines qui ont précédé l’accouchement… mais ce n’est pas du tout inhabituel pour moi en début de haute saison. Je travaillais facilement 70 heures par semaine, ça pouvait s’expliquer…
Et pendant que je revis les derniers mois à toute vitesse dans ma tête, pendant que je décortique, conteste, réexamine chaque instant, on me prépare à accoucher d’un bébé qui n’avait eu aucun suivi, aucune attention particulière.
Je ne le sais pas encore à ce moment-là, mais d’ici 30 minutes ma fille fera son entrée dans le monde, d’une manière, encore une fois, très singulière…
À SUIVRE…
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